Lettre ouverte à Elio Di Rupo, Premier Ministre

Monsieur le Premier Ministre, 

 

La crise économique et financière que traverse la Belgique implique l’engagement de toutes les forces vives afin de préserver notre modèle social. Voilà, en substance, le message que le gouvernement ne cesse de nous répéter, ajoutant que les sacrifices nécessaires pour sortir de la crise affecteront toutes les couches de la population de manière juste et équilibrée.

 

Dans un tel contexte, on peut comprendre que tout comportement rétif aux sacrifices jugés indispensables par le gouvernement soit considéré comme égoïste et irresponsable. Cependant, l’urgence et la gravité d’une situation, quelle qu’elle soit – et c’est à cela que sont formés les pilotes de ligne – ne peuvent justifier la précipitation. Il semble bien que ce soit là le contexte dans lequel a été votée la loi sur la réforme des pensions.

 

L’abrogation pure et simple du système spécial de pension des pilotes de ligne belges, financé par les pilotes eux-mêmes et par les compagnies qui les emploient - faut-il le rappeler - est tout simplement inique et risque bien de porter un coup fatal au secteur de l’aviation en Belgique. Le gouvernement souhaite-t-il voir le ciel belge devenir une colonie irlandaise ?

 

La forme employée – véritable coup de force - est ressentie par les pilotes comme un hold-up alors que le fond de la réforme, en imposant une augmentation de 15 ans pour une carrière complète de pilote de ligne, fait preuve d’une méconnaissance totale de la profession et constitue un déni au bon sens le plus élémentaire. Une concertation préalable avec les techniciens de l’association belge des pilotes de ligne aurait permis de mettre en évidence les spécificités dont il est question, et de trouver, ensemble, des solutions pour concilier les impératifs budgétaires et la réalité du terrain.

 

Force est de constater que la précipitation a laissé la place à un vide délibératif qui réduit à néant une concertation productive. Je le déplore amèrement.

 

C’est pourquoi, en l’absence d’intérêt de la part du gouvernement pour trouver une solution qui puisse concilier rigueur budgétaire et pérennité du secteur aérien en Belgique, j’ai le regret de vous présenter ma démission comme pilote de ligne.