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Lettre ouverte à Philippe Henry, Vice-Président et Ministre du Climat, de l'énergie et de la mobilité


Gestion de la crise énergétique en Wallonie: à défaut d’imagination, de créativité et de rigueur intellectuelle, il nous restera toujours les larmes pour pleurer sur notre sort!

 

 

 

Monsieur le Ministre,

 

 

Soucieux des problèmes environnementaux auxquels nous sommes confrontés, je suis, entre autres, devenu coopérateur (et client) chez Energie 2030 depuis cinq ans et chez Cociter depuis deux ans. 

Autrement dit, j’ai accepté, de manière militante et sans me soucier des prix proposés par la concurrence, de payer plus cher mon électricité parce qu’elle est « 100 % renouvelable ». Pourtant, le prix de l’électricité que je consomme aujourd'hui est déterminé par le prix du gaz, qui n’est ni renouvelable (ou alors sur des centaines de millions d’années) ni durable au sens du rapport Brundlandt. Ayant, comme la plupart de nos concitoyens, des capacités intellectuelles moyennes je vous avoue ne pas bien comprendre le raisonnement qui nous a mis dans cette situation ubuesque et qui, par ailleurs, soulève de nombreuses questions, dont en voici deux, choisies au hasard:

 

1. Quelle est la logique de ce système et comment, de manière rationnelle, peut-il s'intégrer dans la lutte contre le réchauffement climatique sachant que votre vice-président ne cesse de clamer « il faut aller vers du « 100% »  renouvelable »? Or, aujourd’hui, un citoyen qui achète de l’électricité « renouvelable », qui a remplacé sa chaudière (pas si vieille que ça) par une chaudière à condensation, qui a renouvelé l’isolation de sa maison, qui a installé des panneaux solaires (sans certificats verts, sans demander de subsides..), qui a remplacé tous ses châssis par des châssis plus performants, en somme, un « citoyen vertueux », du moins du point de vue de la lutte contre le réchauffement climatique, fini par payer l’électricité à un prix qui n’a absolument rien à voir avec les coûts de production réels????  Où se trouve la cohérence?

 

2. La meilleure façon de faire des économies d’argent et/ou d’énergie - ce que d’aucuns appellent « pratiquer la sobriété » - suppose d'avoir à sa disposition des outils de contrôle comme, par exemple, un petit coup d’oeil dans son porte-monnaie à la sortie du supermarché pour voir ce qu’il vous reste pour clôturer le mois ou, pour rester dans un domaine qui vous est familier, disposer des outils nécessaires pour gérer les finances publiques, en effectuant à heure et à temps des contrôles budgétaires. (je retire ce dernier exemple qui n’est objectivement pas probant) 

 

La volatilité du marché de l’électricité que nous subissons aujourd’hui rappelle la nécessité d’appliquer un principe de base, celui de l’équilibre budgétaire et donc du contrôle des dépenses, ce qui devrait être accessible à tout individu ayant un niveau « BAC -12 ». 

 

Et c’est bien là tout le problème. Bien que disposant d'un compteur "intelligent", c'est-à-dire que les données de ma consommation électrique sont enregistrées en temps réel, il ne m'est pas possible de disposer des données cumulées, si ce n’est en fin d’année, alors qu’il s’agit là de données personnelles qui devraient, selon le RGPD, être accessibles à la demande, non? Certes, le compteur intelligent permet de lire la totalité de ce qui a été consommé, de jour comme de nuit, de ce qui a été injecté sur le réseau, mais il n'est pas possible d'avoir un aperçu en temps réel du coût de ma consommation à l'instant « t ».

En quelque sorte, cela revient à s’attabler dans un restaurant, commander une sole meunière dont on ignore le prix jusqu’au moment de régler la note sachant que la fluctuation du prix de la sole peut varier de 1 à 10 sur le seul temps du repas!!

 

Ainsi, après avoir contacté ORES et la CWAPE pour leur faire part de ma requête, aucun ne s’est révélé capable de donner une réponse intellectuellement satisfaisante si ce n’est de se retrancher derrière des évacuateurs mentaux tels que: « cela ne dépend pas de nous, mais des autres » ou, comble de l’absurde, derrière le RGPD.  A se demander qui est au service de qui, et qui dirige quoi???

 

Le fait est que, le système tel que nous le connaissons, à savoir le versement de "provisions" mensuelles avec une régularisation en fin d’exercice, avait probablement du sens dans un modèle régulé, comme c’était le cas dans la période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, mais, aujourd'hui, il est totalement obsolète et contribue, au moins de manière indirecte, à aggraver la précarité des familles les plus exposées financièrement. Comment en sommes-nous arrivés là??? N’est-il pas urgent d’évoluer vers un système en adéquation avec la réalité - la volatilité des prix des prix de l’énergie - et avec la nécessité d’aller vers plus de sobriété, par exemple, en exploitant tout simplement les outils qui sont sous nos pieds? 

 

Les YAKAs

Il y a deux grandes catégories de « YAKAs ». Il y a ceux du genre « YAKA faire bouillir de l’eau pour faire du thé bien chaud», ou alors, deuxième catégorie «YAKA construire une plus grosse fusée pour aller chercher des terres rares sur Mars ».

 

Personnellement, j’ai la faiblesse de croire qu'importer les données de consommation issue du compteur dit « intelligent » (ou, même, relevées manuellement) dans un tableur de type Excel, combiner ces données avec les données fournies par « Spot Belix », permettre, au consommateur, d’avoir accès à une synthèse (par période de prix), en termes de coûts, sur une plateforme accessible grâce à une identification Itsme, ou autre, voire d’intégrer tout cela dans une application du genre « COVID SAFE » , fait partie de la première catégorie, du moins si on considère que les personnes responsables de la gestion de toutes ces données ont été choisie pour leurs compétences professionnelles et non par népotisme ou, pire, pour leur obédience partisane. Force est de constater que les réponses obtenues (ORES & CWAPE) ne donnent pas l’impression que qui que ce soit  maîtrise vraiment le sujet, mais bon..

 

Avec tout le respect que je porte aux institutions de notre Région/Pays, j’assume totalement le ton sarcastique de mes propos qui n’altèrent en rien, jusqu’à preuve du contraire, la pertinence du raisonnement. Pour ne rien vous cacher, à l'instar de nombreux concitoyens, je suis excédé par le manque de rigueur, de pertinence, et de créativité qui sont consubstantiels au discours politique dominant, réduit, le plus souvent, à des slogans et/ou à des éléments de langages d’une banalité affligeante et complètement en porte-à-faux avec la gravité de la situation.

 

En résumé, offrir une prime (énergie) unique aux citoyens, réduire la TVA sur l’électricité à 6 %, même si cela reste anecdotique pour les plus fragiles compte tenu de la hausse des prix, c’est bien; développer des outils permettant d’adapter notre comportement de consommateur au coût réel de l’énergie, voire, inciter les plus téméraires à s’essayer à piloter une sobriété qui finira, de toute manière, par s’imposer à tous, ce n’est pas mal non plus..

Mais bon, qui suis-je?

 

Monsieur le ministre, j’ai hâte de vous lire, mais sachez qu’à défaut de parvenir à nourrir un cerveau qui a soif d’apprendre, j’espère que vous serez en mesure de lui offrir un anxiolytique puissant afin que les trois neurones qu’il parvient péniblement à mobiliser finissent par s’endormir paisiblement.